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Fiat lux
26 février 2007

Tu m'apprendras, dis ?

Tu es là, devant moi, le regard baissé, attendant que je te dise je ne sais quoi.
Pourquoi te ferais-je la fleur de parler en premier ?
La trahison ne s'excuse pas toujours. Pas quand elle fait si mal, pas quand elle devient cette brulure indécente qui ronge ton âme. Tu m'as appris à faire confiance, à mes dépends. Mais j'avais fini par te l'accorder, j'avais réussi à faire taire cette bête ignoble qui me murmure à chaque instant de me méfier de tout et de tous.
Maintenant, tu vas devoir m'apprendre le pardon. Parce que je ne sais pas, je ne peux que te regarder, fixe devant moi, ayant la décence de paraître abattue.
Le silence qui nous entoure à déjà fait fuir les proches, et je crois bien que j'espère te faire fuir ainsi toi aussi. Il t'accable sans doute bien plus que je ne saurais le faire, même avec tout l'art que j'ai de faire mal aux gens, de les blesser simplement en leur parlant. Surtout, ne pleure pas, je t'en supplie, je ne pourrais le supporter. Je suis sans doute le seul à avoir le droit de pleurer maintenant. Tu t'es déshonorée toute seule, comme une grande, tu n'as eu besoin de l'aide de personne, pour une fois. Bravo. Tu as réussi à me détruire plus encore que ne l'avait fait ma vie durant toutes ces années. Evidemment, quand tu sors quelqu'un de la faille où il était, sa rechute ne peut être que plus douloureuse encore. Y as-tu pensé ? As-tu pensé à quoi que ce soit, d'ailleurs ?
Au nom du ciel, ai au moins le courage de dire quelque chose, n'importe quoi, je m'en fous, le problème n'est pas là, mais dis quelque chose. Te rends-tu compte de combien il est lâche de se présenter ainsi, sans un mot, laissant aux autres le soin de décider de la sentence ?
Lâche, et cruel aussi. Tu me laisses seul, à devoir te condamner ou te gracier, seul avec ma conscience, sans faire mine d'arguer au moins pour ta défense.
Qu'est-ce que tu veux que je te dise?
Va-t-en. Pas difficile : froncer un peu plus les sourcils, serrer un peu plus les maxillaires et juste lâcher un "non. va-t-en." Et tu partiras, j'en suis certain. Tu vas partir, l'air désespérément triste et abattue, sans un regard. Après avoir dit, dans un souffle "d'accord" tu vas tourner les talons et t'en aller. Et tu attendras que, fou de douleur et rongé par les remords, je te rappelle.
Serrer un peu plus les maxillaires, me lever, te forcer à relever la tête et t'embrasser au coin des lèvres. Ensuite, je remettrais une mèche derrière ton oreille dans laquelle je murmurerais "d'accord". Et on recommencera. Je t'aime mais je te hais de te voir ainsi devant moi, à quêter une absolution que je ne peux te refuser mais qu'accorder ne ferait que reprogrammer.
Tu m'as appris à faire confiance. Apprend-moi à pardonner, s'il-te-plait.
Et après, tu m'apprendras à trahir.

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